La ménopause concerne toutes les femmes qu’elles aient enfanté ou pas. Néanmoins, le sujet demeure tabou dans toutes les communautés même s’il sort de l’ombre grâce notamment à la journée mondiale d’information sur la ménopause au mois d’octobre.
J’ai eu envie d’aborder la ménopause des femmes musulmanes, parce que les conséquences de la ménopause en plus des idées reçues culturelles et religieuses affectent leur spiritualité et leurs pratiques cultuelles.
Dans la plupart des communautés musulmanes, l’on comprend que le Coran mentionne la ménopause dans la sourate 24 verset 60. Le mot « ménopause » ne figure pas dans ce verset, en revanche le mot signifiant « femme d’un âge très avancé », si.
Une femme très âgée est forcément ménopausée, l’on imagine alors comment au fil du temps l’expression « femme très âgée » est remplacé par « femme ménopausée ».
Or, la ménopause pour une majorité de femmes intervient à partir de 45 ans et les premiers signes de cette transition apparaissent à la fin de la trentaine. On est donc bien loin de la femme d’un âge très avancé dont il est question dans le Coran.
Pour comprendre comment les femmes dans les communautés musulmanes appréhendent et vivent la ménopause, il faut s’intéresser à sa perception dans les différents pays à majorité de musulmans ; des pays influents qui diffusent à grande échelle leur interprétation de la religion l’islam.

La ménopause dans des pays à majorité de musulmans
Dans certains pays arabes, à l’instar de certains États occidentaux, la ménopause est souvent dévalorisée parce qu’elle est associée à la fin de la fertilité, une fertilité attachée à la féminité. En d’autres termes, la ménopause représente la fin de la féminité et par extension à la fin de la vie sexuelle féminine.
Dans des pays comme l’Arabie Saoudite, l’Égypte ou la Syrie la ménopause s’appelait « l’âge du désespoir ». Depuis 2021, une autre expression « l’âge du renouveau »[1] tente de s’imposer.
En farsi, langue majoritaire en Iran, le mot ménopause se traduit par, « le temps de la déception » ou « le temps du désespoir ».[2]
Qu’est-ce que la ménopause ?
La ménopause se définit comme un arrêt de l’ovulation et de la disparition des règles (aménorrhée). Physiologique, elle entraine un bouleversement hormonal. Puisque les ovaires ne produisent plus d’œstrogènes, des effets se font ressentir dans plusieurs domaines.
En effet, les œstrogènes agissent sur les fonctions cognitives, la santé cardio-vasculaire, l’humeur, la motivation, l’équilibre du microbiote intestinal, la libido, etc.
La ménopause constitue un processus qui peut commencer aussi tôt que 35 ans pour les ménopauses précoces (il existe des cas bien plus précoces) la moyenne étant entre 45 ans et 55 ans. L’on parle de ménopause tardive à 60 ans.
Les symptômes de la ménopause sont variés et diffèrent d’une femme à une autre.

Effet sur la santé mentale
- Dépression
- Fatigue importante
- Brouillard cérébral (trouble de la mémoire)
- Trouble de l’attention
- Irritabilité
- Désintérêt soudain pour des activités que l’on aimait
- Pensées suicidaires[3]
Effets Physique
- Palpitations cardiaques
- Démangeaisons
- Bouffées de chaleur
- Sécheresse vaginale (cause difficulté relation sexuelle)
- Trouble urinaire (l’envie fréquente d’uriner, fuite urinaire)
- Prise de poids
- Maux de tête
- Douleurs articulaires
- Sécheresse de la peau
Conséquences de la ménopause sur la spiritualité

Dès la périménopause ou préménopause,[4] des femmes ressentent un manque d’intérêt pour ce qui les passionnait, la spiritualité peut en faire partie. Le temps dédié à la psalmodie du Coran peut diminuer par manque d’intérêt et par la disparition de connexion avec le Divin.
Malheureusement, beaucoup de femmes musulmanes n’osent et n’oseront pas en parler.
Elles s’imagineront être victime d’un mal occulte ou d’avoir perdu la foi et feront le choix du silence.
Dans une tradition religieuse ancrée dans la mémorisation des versets du Coran et de gestes rituels, les troubles de la mémoire causée dès la périménopause peuvent perturber, déconcerter et renforcer un état de tristesse qui peut s’accompagner de pensées suicidaires.
Cas particuliers des femmes sans enfant par circonstances
La ménopause, chez de nombreuses femmes sans enfant par circonstances de la vie, marque une transition douloureuse étant donné qu’elle met un terme définitif à une possibilité de concevoir biologiquement.
Même en parcours de deuil avancé, la ménopause replonge des femmes dans une profonde dépression parce que cet arrêt des menstrues marque un arrêt brutal à l’espoir qui pouvait sommeiller au fond d’elles. Tant qu’il y a des règles, il y a de l’espoir !
Ajoutez à cette prise de conscience déchirante tous les effets de la ménopause, les femmes sans enfant par circonstances deviennent une catégorie plus fragile et plus à risques.
Que faire ?
S’informer et informer davantage sur la ménopause puisqu’elle entraine des répercussions dans l’environnement personnel et professionnel de la femme.
Connaitre et accepter les symptômes de la ménopause conduiront à repenser sa vie spirituelle.
La connexion au Divin passe par tant de routes ! (La nature par exemple) Lever la tête plus souvent pour regarder le ciel et se souvenir de l’immensité du Très – Haut, constituerait une première étape.
Chaque femme devrait bénéficier d’un soutien psychologique, médical[5] et spirituel.
Les femmes sans enfant par circonstances peuvent trouver des spécialistes du vécu de femme sans enfant par circonstances. Consulter la page des ressources.
Informations courtes sur la ménopause ici et plus détaillées ici.
© Crédit Photos : Pexels; Unsplash – Photo montage; Discussions Essentielles
[1] En 2021, la compagnie TENA soutenue par UNPF a lancé une campagne à destination des femmes pour choisir une autre expression que « l’âge du désespoir » pour désigner la ménopause.
[2] Elham Amini, Menopause in Iranian Muslim Women: Gendered and Sexual Experiences of Menopausal Women, Palgrave Macmillan,2023
[3] Le taux le plus élevé de suicide féminin se trouve chez les femmes âgées de 45 à 55 ans.
[4] La périménopause intervient quelques années avant la ménopause. Les premiers signes sont les règles irrégulières, très abondantes et peu abondantes.
[5] Un traitement hormonal de la ménopause existe de même que des solutions naturelles. Chaque femme devrait consulter et se renseigner en fonction de la sévérité des symptômes.