Une jeune femme sans enfant, divorcée, puis remariée avec un enfant de moins de trois ans m’a expliqué lorsque je lui ai raconté que je préparais une conférence sur les célibataires musulmans sans enfant qu’elle n’avait aucune empathie pour les femmes qui se « plaignent » de ne pas être mariées et sans enfant. En effet, m’a-t-elle confié, si elle n’avait pas accepté le remariage avec un homme déjà père, elle serait encore célibataire sans enfant. Soit, religieusement parlant Dieu seul décide qui a et qui n’a pas d’enfant.

Cela dit, je n’ai rien répondu et pour cause cette personne m’avait déjà rapporté un jour la difficulté de vivre en couple avec un homme qui doit partager son temps avec son ex-femme. Une ex-femme qui réside avec son premier enfant en dehors de la ville de son nouveau foyer. Elle se retrouvait donc souvent seule à élever leur enfant. Tout le monde n’est pas disposé à cela.

Beau-parent, statut vendu comme une solution miracle au célibat

La remarque de cette jeune personne est courante. C’est vrai, pourquoi des femmes et des hommes célibataires ne considèrent-ils pas simplement un mariage ou remariage avec un homme ou une femme avec des enfants ? Se demandent régulièrement de nombreuses personnes mariées avec des enfants.

Des musulmans et des musulmanes issues de différentes communautés ethniques préconisent souvent cette solution à des femmes âgées de 38/40 ans. Les hommes célibataires sans enfant de la même génération sont plutôt redirigés vers des femmes plus jeunes ; quand ils sont beaucoup plus âgés, on leur propose des femmes divorcées ou veuves avec des enfants.

Les intentions derrière ces offres débouchant sur le statut de beau-parent sont louables. Les amis et les familles qui poussent vers cette solution souhaitent ainsi voir le ou la célibataire marié.e. avec des enfants ou bien ils espèrent le ou la voir parvenir d’une certaine manière à être parent, si leur âge est déjà avancé.

Seulement, comme dans le cas de la jeune personne que j’ai côtoyée, des difficultés insoupçonnées accompagnent ces remariages avec un partenaire déjà parent.

Des situations et des questions rarement prises en considération

Qu’advient-il du couple s’il ne parvient pas à concevoir ses propres enfants ? Comment réagit le partenaire laissé sans enfant après moult tentatives ?

Quelle est la place du compagnon sans enfant par circonstance auprès des enfants du nouveau partenaire ?

Est-ce que le beau-père ou la belle-mère sans enfant est inclus.e dans les décisions concernant les enfants lorsqu’ils vivent à plein temps chez le couple recomposé ?

Jusqu’à quel point la coparentalité du partenaire avec son ex inclut la personne sans enfant ? Peut-elle assister aux sorties de l’école ? Cette personne sans enfant peut-elle se rendre aux réunions parents-professeurs avec le partenaire parent ?

Comment réagit la personne sans enfant par circonstance lorsque ses beaux enfants commencent à concevoir leurs enfants ? Qui l’accompagne pour gérer cette transition qui réveille des douleurs (fausses couches à répétitions, les parcours de FIV, etc.) ?

Dans le cas où un divorce s’ensuivrait, est-ce que les enfants restent toujours en contact avec celui ou celle qui a joué le rôle de beau-parent dans leur vie parfois durant de nombreuses années ? Ce n’est pas toujours le cas.

Des réalités diverses 

Dans certaines cultures, le terme « beau-parent » ne s’utilise pas : le beau-parent devient automatiquement le « père » ou la « mère ». Est-ce simple pour autant de répondre à la question avez-vous des enfants ?

Il y aura toujours une part d’inconnu pour celui ou celle qui s’engage dans une relation avec un partenaire déjà parent. Cela peut s’avérer un très beau voyage lorsque l’entente, le respect et l’amour entre chaque membre de la famille recomposée existent. Toutefois, cela peut se révéler un voyage solitaire, triste et douloureux, dès lors que le partenaire avec l’enfant ne s’efforce pas de comprendre et n’inclut pas celui ou celle resté. e sans enfant par circonstance.

La World Childless Week 2023 a donné cette année la parole à des hommes et des femmes sans enfant beaux-parents. Certains se réunissent grâce aux nouvelles technologies pour échanger sur leur parcours, leurs joies et leur peine dans ce voyage atypique.

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