La PMA on en parle beaucoup, les succès surtout. 20 % de réussite en moyenne, tout type de FIV confondues, c’est-à-dire 80 % d’échecs. En d’autres termes, 80 % de couples vivent l’échec. Ceux-là on n’en parle pas, on ne sait pas ce qu’il se passe avant pendant et surtout après le parcours d’une PMA infructueuse.
C’est pour cette raison que je traite du livre de Lizzie Lowrie Salt Water and Honey. Elle y évoque l’entre-deux d’une PMA: le passage où vous êtes enceinte, ne l’êtes plus, puis encore et encore rien. Puis on n’envisage la suite lorsqu’on est encore en âge de procréer avec un sentiment d’espoir et de dépit.

Les violences de la PMA
Salt Water and Honey est percutant, utile. L’auteure confie des épisodes douloureux, violents gardés au plus profond de celles et ceux qui vivent un parcours de PMA. Je considère également ce livre comme un hommage à ces femmes, à ces couples traversant la tristesse silencieuse, le deuil invisible ou celui qu’on ne veut pas voir. Le deuil dont on ne veut pas en entendre parler. Sans doute, la peur de reconnaitre que tout le monde ne peut pas procréer, malgré un très fort désir.
Aller travailler peu de temps après une fausse couche. Pleurer à son poste au bureau. Personne ne sait que votre corps est endolori avec le cœur en mille morceaux. Il faut écouter les collègues s’extasier d’un bébé à venir quand la veille vous perdez une chance d’en avoir.
Lizzie Lowrie rend hommage à ces femmes qui accouchent, expurgent avec l’aide de morphine qui ne les soulage même pas vraiment. La Britannique décrit l’atrocité de la fausse couche, la solitude de la fausse couche et l’on se dit que ce passage représente la souffrance des sans-parents désireux d’enfants. Dans les communautés musulmanes il est souvent question, à juste titre, de la douleur de mettre au monde et ses séquelles physiques, les souffrances restent inquantifiables, mais elles se valent. Elles sont à vie.
Croire en Dieu après six fausses couches?
Lizzie Lowrie est épouse de vicaire et se destine elle aussi à une carrière dans l’Église. Sa relation à Dieu demeure centrale dans son livre. Elle n’hésite pas à décrire ses doutes, le vide, sa recherche de Dieu sa foi mise à mal. Son espoir est déçu encore et encore et encore. Comment vivre dans un univers où l’on célèbre la femme pour sa maternité? Dans un monde où il n’est question que de femme mère.
Lizzie Lowrie est chrétienne, cependant ses questionnements, ses doutes, sa détresse et finalement son amour de Dieu raisonnent avec toutes les personnes croyantes.