Deux idées répandues prônent l’obligation religieuse de concevoir des enfants. La première tire sa source d’un hadith[1] extrait d’un corpus sur le mariage collecté par Boukhari, un homme ayant compilé de nombreux hadiths, attribués au Prophète, jugés authentiques. Le hadith, en question, enjoint les hommes à se marier avec des femmes fécondes afin d’accroitre les membres de la communauté de confession musulmane. La deuxième idée répandue tire vraisemblablement son origine de l’interprétation de la finalité du mariage. Celui-ci aurait pour unique but la procréation.
Ces deux idées disqualifient toutes personnes ne pouvant ou ne souhaitant pas d’enfant. Elles sont dès lors, coupable de ne pas remplir leur obligation religieuse. Ces croyances conduisent les prétendants musulmans à rechercher des compagnes théoriquement fécondes. Ils excluent donc pour un mariage toutes personnes de plus de trente-cinq ans, âge auquel la fécondité d’une femme commence à baisser. C’est également le cas pour les messieurs cependant cela est moins connu et moins discuté.
Erreur sur la finalité du mariage
Pour des individus en couple, ces idées poussent les hommes à divorcer de leur épouse ou à prendre une seconde pour remplir la supposée obligation religieuse. Dans le cas où l’homme s’avèrerait infertile, la femme est parfois encouragée à divorcer.
Ces conduites vont à l’encontre des préceptes et des valeurs véhiculés par le Coran à savoir l’harmonie, la paix. La finalité du mariage tel qu’inscrit dans le Coran réfute la finalité véhiculée et populaire dans les communautés musulmanes.
En effet, le verset 21 de la sourate 30 prône le mariage basé sur l’amour et la bienveillance entre deux partenaires. La traduction courante veut qu’il s’agisse d’une épouse pour la tranquillité de l’homme cependant la tranquillité vaut pour l’homme et la femme. Le mot ajwadj dans la version arabe désigne le couple ou une idée de complémentarité. Cette tranquillité réciproque correspond parfaitement à l’égalité homme-femme instaurée par le Coran.
La finalité du mariage demeure ainsi la tranquillité, le soutien mutuel et le plaisir.
Ainsi, la procréation comme but ne figure pas dans le Coran. Elle peut en revanche être considérée comme une des conséquences, mais pas l’objectif du mariage. En d’autres termes, un couple formé sur la base de l’amour et de la bienveillance mutuelle n’a aucune raison d’être brisé en raison d’une incapacité à concevoir des enfants.
La fécondité à tout prix, une fabrication religieuse
On peut supposer que la première idée répandue trouve sa source dans un hadith populaire attribué au Prophète. Il stipule « Épousez la féconde et l’affectueuse, car je voudrais surpasser en nombre toutes les autres communautés le jour de la résurrection ». Dans la tradition musulmane ce hadith est sahih[2] c’est-à-dire authentique en considérant sa chaine de transmission.
En dépit de la véracité proclamée, on peut se poser la question : comment savoir si une femme est féconde avant de l’épouser ? Ce hadith implique que la fertilité n’est qu’affaire féminine, les hommes seraient fertiles de fait. Autrement dit, cette première partie du hadith entretien ou est à l’origine du mythe selon laquelle un problème d’infertilité provient nécessairement de la femme. Pour s’assurer de cette fécondité, la jeunesse de l’épouse doit être recherchée par le futur conjoint, quel que soit son âge. En fonction des cultures, une jeune femme de plus de vingt-huit ans peut déjà être exclue des candidates à un mariage. Il en résulte un autre problème pour les femmes, la difficulté à se marier.
La deuxième partie du hadith « je voudrais surpasser en nombre toutes les autres communautés le jour de la résurrection » sous-entend un effort collectif. Celui-ci ne tient pas compte de la volonté divine dans le Coran « sourate 42 verset 49-50 »
Il donne des filles à qui il veut,
Il donne des fils à qui il veut,
Ou bien il réunit par couple
Des fils et des filles.
Il rend stérile qui il veut (Coran 42 :49-50)
En somme, les deux idées répandues contribuent à la discrimination d’une partie des musulmanes et des musulmans. Pour prévenir la propagation de cette discrimination et ses conséquences néfastes, la restauration de la finalité première du mariage selon le Coran s’impose. La relation de couple dans le Coran se base sur l’amour la bienveillance, et le soutien mutuel. Par ailleurs, il faudrait interroger davantage le contexte de la parole attribuée au Prophète. Si l’on croit, évidemment, qu’il n’aurait pas pu enjoindre une pratique discriminante, déchirant des couples. Une pratique à l’opposé du message Divin.
[1] Propos attribués au Prophète Mohammed ou des proches de celui-ci.
[2] Les hadiths sont classés par degrés d’authenticité en fonction de la validité de la chaine de transmission. Sahih désigne la catégorie la plus élevée dans la véracité d’un hadith.
Nice post thaanks for sharing
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