L’héritage en islam ou le droit de succession, lorsque l’on lit ces mots beaucoup de monde pense « enfant ». Les personnes sans enfant comme les parents, si ce n’est autant qu’eux, réfléchissent à leur succession. Que l’on dispose de grands ou de petits moyens, il est normal de songer aux personnes qui pourraient en hériter. Alors on envisage un testament.
Oui, un testament pour léguer les biens à des nièces, des neveux, des cousins etc. Des hommes et des femmes sans enfant dès leur vivant prévoient des comptes bancaires pour des enfants de proches.[1] Il est donc naturel de vouloir leur léguer par la suite plus de biens si le désir s’en fait sentir ou si cela est nécessaire.
Pourtant, en tant que musulman ou musulmane on ne choisirait pas spontanément le testament parce dans la plupart des communautés musulmanes on nous apprend que tout est prédéfini dans le Coran.
En effet, la sourate 4 [2] mentionne les parts des ayants droit sans omettre le cas des personnes sans enfant. Un testament ne serait donc pas nécessaire. Néanmoins, Le Coran ne cite pas tous les cas de figure[3]. Par exemple la situation d’un adulte sans enfant orphelin de père et de mère et enfant unique.
Que dit vraiment le Coran sur l’héritage
Il semblerait que la répartition expliquée dans le Coran corresponde à l’équivalent d’un héritage à quote-part. C’est-à-dire un héritage prédéfini dans le cas où la personne décédée ne laisserait pas de testament. C’est cet héritage à quote-part qui est défendu et appliqué dans les communautés musulmanes.
Or, le Coran prescrit le testament pour les croyants[4].
Ce testament privilégie les parents et les proches sans les nommer exactement ce qui permettrait une latitude suffisante quant au choix des personnes qui auraient le plus besoin d’un héritage pécuniaire par exemple.
Des théologiens estiment que le testament correspond à la prescription première pour les musulmans tandis que l’héritage à quote-part constitue une recommandation si un testament n’est pas laissé[5].
Le testament en islam : un sujet à discuter
La situation des musulmans sans enfant nous pousse alors, nous musulmans à revoir, reconsidérer les textes et les théories sur l’héritage en islam construits des siècles auparavant puis gravés dans le marbre.
Le Coran défend l’égalité, la justice et l’équité. Dans la succession à quote-part les personnes sans enfant ne sont pas omises, mais comme expliqué plus haut toutes les situations ne sont pas prises en compte.
Cela laisse donc songeur, car cela reviendrait à dire que le Divin s’est trompé dans Ses calculs de répartition et n’a pas envisagé une seconde l’évolution des sociétés sur le long terme.
Une telle maladresse parait assez improbable, n’est-ce pas !
[1] Melanie Notkin crée une communauté pour les femmes sans enfant par choix , par circonstances, ou indécises qui font partie de la vie des enfants de leurs proches. La communauté Savvy auntie délivre des conseils, astuces et idées d’activités.
[2] Sourate 4 : 7-8,
[3] Sourate 4 : 176
[4] Sourate 2 : 180-183,240. Sourate 5 : 106-108
[5] Le théologien Dr Alajami défend cet argument. Auteur de Que dit vraiment le Coran, ErickBonnier, 2020