« J’ai toujours voulu être père: les hommes sans enfant »[1], le récit autobiographique du journaliste enseignant Robert Nurden fait voler en éclat le mythe du désir d’enfant que n’éprouveraient pas les hommes.
Que ressentent les hommes sans enfant ? C’est une question que nombre d’entre nous se posent ; d’autant plus que lorsque l’on évoque les personnes sans enfant non seulement il s’agit surtout d’infertilité, mais le sujet est toujours vu sous l’angle féminin.
La première explication très simple que l’on peut donner c’est que les femmes portent l’enfant ; l’autre raison plus sociologique serait que le domaine de l’enfant se trouve toujours rattaché au féminin, ce domaine ne concernerait que les femmes. Enfin, un mythe a toujours court dans de nombreuses sociétés et cultures : le désir d’enfant ne serait qu’exclusivement féminin comme le désir sexuel ne serait que masculin (si, si c’est aussi un mythe qui a la vie dure).
Donner la parole aux hommes sans enfant
Robert Nurden a choisi de se livrer dans son livre (I always wanted to be a dad) en incorporant au fil des chapitres des témoignages d’autres hommes sans enfant. Cette démarche originale m’a rappelé le livre d’ Eliott Jager[2] en quête de réponses et de témoignages d’autres hommes de confession juive sans enfant.
Le journaliste prévient le lecteur dans une introduction que ce ne sera pas facile à lire. « Vous allez être confronté à la colère, la douleur, le désespoir. Le désespoir d’un homme qui reste sans enfant malgré son désir brulant d’être père. Vous rencontrerez des erreurs et des parcours de vie qui ne se déroulent pas comme prévu. Parfois, il s’agit simplement d’une malchance, d’un mauvais timing ou d’un mauvais jugement ; parfois, c’est pour des raisons médicales telles que l’infertilité ou une combinaison complexe de facteurs indépendants de la volonté de l’homme. »
Qu’apportent de plus ces incorporations de témoignages
Le récit I always wanted to be a dad suit le parcours du journaliste vers l’acceptation de sa situation d’homme qui n’aura pas d’enfant. À chaque étape, des témoignages permettent de saisir la diversité de profils d’homme sans enfant et leur douleur. Par exemple être beau-père des enfants de sa femme et ne jamais trouver sa place dans la partie de la famille dont vous ne faites jamais vraiment parti.
Ces témoignages rendent compte également des points communs avec les femmes sans enfant : la relation complexe à la famille, à la vie professionnelle et au cercle amical qui rétrécit radicalement après une naissance.
La tristesse, la colère et l’acceptation
Ne pas être père est la plus grande perte de ma vie et ça me rend triste. Le deuil est mélange de colère, frustration, de sentiment d’injustice de désespoir et d’envie. Les gens n’ont en général absolument aucune idée de l’incroyable difficulté et du déchirement que représente le fait de ne pas avoir d’enfant. (John)
À mesure que l’on découvre le parcours de l’auteur Robert Nurden, le lecteur peut également lire des témoignages d’acceptation du destin d’homme sans enfant.
J’ai le sentiment d’avoir fait mon deuil, principalement grâce au soutien de The Childless Men’s Community[3]. Le pouvoir que procure le fait d’être écouté par un groupe d’hommes qui ne portent pas de jugement, qui se soutiennent et qui sont compréhensifs, a été d’un grand réconfort. (Graham)

© Crédit photo – Pexels- Silverblack
[1] Titre Original I Always wanted to be a dad. Men without children.
[2] Elliot Jager. The Pater. My father, my Judaism, my childlessness. 2015
[3] Facebook.com/groups/childlessmencommunity