CONCEVOIR DES ENFANTS : ENJEUX IDÉOLOGIQUES ET ÉCONOMIQUES

Des théologiens, des directeurs de centre d’assistance médicale à la procréation (AMP) n’ont aucun intérêt à ce que les voix des femmes sans enfant (FSE) et des hommes sans enfant (HSE) s’élèvent. Dans le premier cas, ils détruiraient les idéologies construites autour de la conception et du rôle de la femme en particulier. Dans l’autre cas, laisser entendre qu’une vie heureuse est possible sans enfant que cela soit par choix ou par circonstance mettrait en danger un business très lucratif. Et ce, en dépit de l’idée de départ d’aider des couples à concevoir; aujourd’hui les enfants sont un business.

La conception d’un enfant devient un enjeu idéologique et économique.

L’obligation d’enfanter : une construction religieuse et sociale

Nous admettrons que la grande majorité des sociétés sont construites sur des croyances religieuses, elles-mêmes fondées sur l’interprétation de textes par des théologiens. Les lois, les mœurs s’appuient sur des concepts de religions dominantes comme le christianisme et l’islam.  À cela s’ajoute l’influence d’Hollywood et ces célébrités ; lesquelles empruntent également les codes en place de la société ou en inventent d’autres.

Selon les auteurs de Baby Market[1]et de Knock me up Knock me down [2]ces personnes de la culture pop influencent les comportements concernant la conception, l’adoption et le recours aux PMA.

Si l’on considère que le cinéma reflète les croyances dominantes à chaque époque, une constante demeure tout de même : l’obligation d’enfanter.

Les femmes et les hommes sans enfant se font entendre

Néanmoins, avec la démocratisation d’internet, la multiplication des blogs et des réseaux sociaux, les voix des FSE et progressivement HSE sont audibles. Leurs voix contredisent la théorie de la femme et son « instinct maternel » puisque des femmes choisissent de ne pas enfanter et d’autres le regrettent. Ces voix de plus en plus perceptibles remettent en cause l’obligation dite « religieuse » d’enfanter. En effet, l’infertilité, la maladie et le manque de partenaire avant la fin de la période de fertilité entrent en ligne de compte.

En plus de se faire entendre, ces hommes et ces femmes sans enfant mettent en lumière les conséquences physiques, émotionnelles et économiques des PMA et autres recours pour concevoir un enfant. Les recours médicaux souvent vantés comme la solution miracle laissent des séquelles très lourdes pour celles et ceux hors du faible pourcentage de réussite.

Sur le plan spirituel, des femmes et des hommes sans enfant poussent à la réflexion sur le jugement dans leurs communautés religieuses, les discriminations, la remise en cause de leur foi en raison de l’absence d’enfant.

 Les femmes et les hommes subissent des pressions pour enfanter, quel que soit l’environnement dans lequel ils vivent. À mon sens, les facteurs, théologiques, économiques influencent nos sociétés, causant des dérives parfois irréversibles.

Quand se décidera-t-on à discuter des enlèvements d’enfants ? Du trafic des mères porteuses ? Des meurtres pour obtenir des enfants ? De l’endettement pour accéder aux recours médicaux[3] ? Les dépressions ? Tout cela dans le but de correspondre à la norme établie par des théologiens, la société.  Je me demande jusqu’où nous sommes prêts à aller avant d’ouvrir un débat et agir sur ces questions.

Crédit photo © Fauxels


[1]Michele Bratcher Goodwin, Baby Markets: Money and the new politics of creating families, Cambridge University Press,2010

[2] Kelly Oliver, Knock me up, knock me down. Images of pregnancy in Hollywood films, Columbia University Press,2012

[3] En France, une prise en charge à 100 % est possible avant 43 ans

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