SANS ENFANT PAR CHOIX (CHILDFREE) : FAIRE LE DEUIL

Les sociétés construisent des images négatives des personnes sans enfant par choix en particulier des femmes. Parce que celles-ci iraient à l’encontre de leur rôle primaire, celui d’enfanter.

Une argumentation similaire s’est développée dans le discours religieux musulman au point que la procréation se transforme en un devoir islamique.

Le deuil des musulmans et des musulmanes sans enfant par choix se fera donc en fonction de l’adhésion à ces croyances.

Sans enfant par choix : adhésion au discours dominant

Élisabeth Kübler-Ross[1] a identifié cinq étapes du deuil : le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation. Voyons comment ces cinq étapes pourraient s’appliquer dans le cas de personnes sans enfant par choix de confession musulmane adhérant au discours dominant dans les communautés.

Le déni : Dans le discours dominant concevoir des enfants constitue une obligation il n’est donc pas possible de ne pas en vouloir « je dois en vouloir aussi »

La colère : La colère contre le Divin « Pourquoi Tu m’as créé ainsi ? » « Pourquoi on ne m’accepte pas ? » « Pourquoi Tu m’as créé sans désir d’enfant si c’est un devoir religieux ! », etc.

Le marchandage : les « si » en islam ne sont pas bien acceptés parce qu’ils remettent implicitement en cause le décret du Très-Haut. Pourtant les « si » apparaissent dans les esprits « Si j’avais fait ceci ou cela » « Si j’avais porté tel vêtement ! » « Si j’avais récité ceci ou cela », etc. Ces suppositions accentuées par les propos de l’entourage peuvent conduire la personne sans enfant par choix à rechercher des fautes commises à imputer à ce non-désir d’enfant.

La dépression spirituelle : rejet total de Dieu face à l’incompréhension d’une contradiction : un devoir religieux qui va à l’encontre du libre arbitre.

L’acceptation : Acceptation de la permanence de la situation, acceptation de vivre autrement, réconciliation avec le Divin. Acceptation d’une prise de distance de l’entourage ou d’un divorce d’avec la famille ou d’un cercle d’amis.

Sans enfant par choix : rejet du discours dominant

Dans le cas de musulmans ou de musulmanes rejetant la théorie de procréation comme devoir islamique le deuil se positionne ailleurs.

Certaines musulmanes et certains musulmans sans enfant par choix perdent leurs familles. Une perte engendrée par des conflits autour du choix de ne pas mettre au monde un enfant. Célibataire ou en couple, le choix de ne pas concevoir d’enfant est perçu comme un affront, une rupture avec la religion musulmane.

Ces personnes sans enfant par choix voient leurs liens familiaux ou amicaux se distendre ou elles affrontent la peine de les perdre totalement. Le travail de deuil se situe donc ailleurs, sur l’acceptation d’une situation nouvelle, d’une nouvelle perception de soi dans le regard de l’autre, de la société.


[1]  Elisabeth Kübler Ross (1926-2004) Psychiatre, professeure de médecine du comportement


© Crédit photo Pexels – Julian Jagtenberg

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