L’islam rejette la discrimination et pourtant des musulmans ont développé une théologie suprémaciste ciblant les femmes.
Ainsi des musulmanes mères seraient supérieures aux musulmanes sans enfant pour la seule raison que ces dernières n’accompliraient pas leur devoir ultime, procréer.
Dans d’autres articles j’ai mentionné des hadiths[1] qui enjoignent les femmes à concevoir des enfants et qui conditionnent leur salut à la réalisation de cette tâche.
Dans cet esprit, l’absence d’enfant constituerait la conséquence directe d’un mauvais comportement passé ou présent de la femme.
Le Coran prescrit le comportement des enfants envers leurs parents, pas la prééminence des parents
Le Coran, ne mentionne guère la supériorité d’une femme sur une autre en raison de son statut de mère. Le Livre Saint ne déclare pas non plus les hommes et les femmes parents supérieurs aux personnes non-parents.
Les versets du Livre autour des enfants concernent surtout l’attitude d’un enfant envers ses parents afin de lui rappeler ce qu’ils endurent, en particulier la mère qui vit la grossesse physiquement.
Un verset[2] enjoint les croyants qui atteignent 40 ans[3] de se souvenir du travail effectué par leurs parents.
Puisque le Coran semble suggérer le bon comportement des enfants envers leurs parents pourquoi la vénération des femmes mères dans nos communautés existe-t-elle ?
Création d’une théologie suprémaciste
Une théologie autour de la femme musulmane, mère, s’est développée. Sans doute basée sur des versets du Coran comme le verset 15 de la sourate 46 rappelant les douleurs de la grossesse et le temps de sevrage d’un enfant.
Seule l’utilisation d’un tel verset et de hadiths glorifiant la femme mère construit une théorie suprémaciste, laquelle hiérarchise les femmes musulmanes en fonction de leur capacité à procréer.
Certaines cultures vont plus loin en explicitant le devoir d’enfanter un garçon. Ces cultures positionnent les femmes qui donnent naissance à des garçons au-dessus de celles qui n’auraient que des filles.
Les raisons du développement de ces théories discriminantes devraient être recherchées. Était-ce pour compenser la mise à l’écart des femmes des champs de bataille aprés le décés du Prophet Mohammed ? Était-ce pour éviter aux femmes de trop s’impliquer dans l’éducation religieuse en leur offrant ce rôle unique lié à leur anatomie ?
Si toutes les femmes pouvaient et/ou souhaitaient des enfants la réponse à ces questions ne serait pas cruciale.
Cependant, des femmes musulmanes qui ne désirent pas ou ne peuvent pas concevoir d’enfant s’appuient sur ces idées suprémacistes de la maternité pour interroger leur légitimité, leur existence et leur valeur en tant que femme et leur valeur en tant que croyante musulmane.
Pas de hiérarchie entre êtres humains en islam
Contrairement à la théorie suprémaciste de la maternité véhiculée dans nos communautés musulmanes, le Coran insiste sur ce qui différencie les êtres humains les uns des autres : la piété.
Une piété qui ne s’appuie pas sur une apparence physique ou bien des capacités biologiques.
C’est ainsi que la sourate 66[4] propose aux croyants homme et femme deux modèles à suivre : une femme célibataire sans enfant, Marie qui met au monde l’enfant miracle, Jésus/Issa et Assia une femme mariée à Pharaon. Sans enfant, elle élève Moïse.
Seule la piété de ces femmes constitue la raison de leur mise en avant comme modèle à suivre.
Le Coran n’a pas pour but de laisser des personnes dans le désarroi, au contraire, il offre une guidance et un réconfort pour les âmes, fussent-elles les âmes de personnes sans enfant.
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[1] Texte contenant les dires et/ou les gestes du Prophète transmis oralement collectés puis rassemblés dans des recueils
[2] Sourate 46 : 15
[3] Selon certains commentateurs, 40 ans correspond à l’âge de la maturité intellectuelle et spirituelle.
[4] Sourate 66 : 11-12