Cela m’a sauté aux yeux, la sourate 108 peut-être considérée comme une sourate en défense des personnes sans enfant.
J’ai lu la traduction du Coran pendant le mois de Ramadan ; arrivée à cette sourate 108, dont le titre est interprété par abondance, j’ai relu les quelques notes prises des années auparavant en plus des notes du traducteur. Et c’était évident pour moi.
Oui nous t’avons accordé l’abondance Prie donc ton Seigneur et sacrifie
Celui qui te hait : voilà celui qui n’aura pas de postérité[1]
Cette sourate fut révélée pour réconforter le Prophète. Celui-ci apparaissait comme la risée de certains parce qu’il n’avait pas de garçons. Au moment de la révélation de cette sourate, il est plausible qu’il ait déjà perdu deux de ses fils en bas âges, un troisième fils décède plus tard.
À cette époque, une personne avec des enfants, mais sans garçon était affublée du nom « abtar » signifiant sans garçon[2] donc sans postérité. En effet, engendrer des garçons, dans ce contexte tribal, représente d’une part la garantie de protection pour défendre le clan en cas de guerre et d’autre part la survie du lignage.
Ainsi le Prophète est moqué, on dit de lui qu’il mourra sans postérité.
Seules les bonnes actions comptent
C’est pourquoi la sourate rappelle que le Prophète détient la vraie abondance. Certains traducteurs comprennent qu’il s’agit ici des bonnes actions ; d’autres pensent au paradis, le mot « abondance », « Kawtar » en arabe désigne aussi d’après des commentaires le nom d’une rivière du Paradis.
Cette sourate fait écho aux versets 88-89 de la sourate 26 stipulant que seules les bonnes actions comptent.
– En ce jour (jour du jugement) où ni la richesse ni les enfants n’ont d’utilité. – Hormis ceux qui se sont adonnés à Dieu avec un cœur pur[3].
Aujourd’hui dans l’esprit de grand nombre les personnes sans enfant sont sans postérité, cette sourate rappelle alors que la postérité réside dans nos actions et nos comportements. Tout le monde laisse une trace de son passage sur terre.
©Crédit Photo Pexels Rodnae-Productions
[1] Le Coran, traduit par Denise Masson, Gallimard, 1967
[2] The study Quran A New translation and Commentary, Seyyed Hosssein Nasr, Harper one ,2015
[3] Le Coran, Nouvelle traduction de Malek Chebel, Fayard, 2009