SANS ENFANT – C’EST LE DESTIN ?

J’ai reçu une newsletter un peu particulière dernièrement : une personne qui organise un groupe de soutien pour les parents musulmans qui ont perdu leur enfant attirait l’attention sur une majorité qui a du mal avec la notion de destin. Bon nombre de parents ont du mal à réfléchir à cette notion liée à la perte de leur enfant alors qu’ils ont tant de questions en suspens ; ils s’interrogent sur un diagnostic peut-être mal posé, des erreurs médicales, des symptômes qu’ils n’ont pas su reconnaitre, etc.

En lisant cela, je pense à toutes ces femmes diagnostiquées d’une maladie gynécologique, d’une maladie mentale incompatible avec une grossesse ; j’ai pensé à tous ces hommes infertiles à la suite de complications des oreillons ou une exposition prolongée à des produits toxiques, etc. Beaucoup parmi eux se posent aussi des questions similaires.

M’a-t-on prévenu suffisamment tôt de ma maladie ?

Ai-je trop attendu pour consulter ?

Et si l’on m’avait diagnostiqué plus tôt ?

Et si j’avais décidé de consulter après avoir regardé ce reportage sur l’infertilité ?

Et si j’en avais parlé à mon entourage ?

Si j’en avais parlé j’aurais obtenu les recommandations de bons spécialistes par ma cousine, mon cousin qui est passé par là

Est-ce que j’aurais fait congeler mes ovocytes ?

Est-ce que, célibataire, je les aurais faits congelés ? Aurais-je dû les faire congeler ?

Aurais-je dû insister quand mon mari a refusé d’aller voir le médecin ce jour-là ?

 Et si j’avais su ?

Accepter le destin alors que l’on doit se remettre physiquement et moralement d’un diagnostic qui a fauché toutes nos chances de devenir parents n’est pas chose aisée pour tout le monde.

De quoi parle-t-on vraiment lorsque l’on mentionne ce mot destin ?

Pour nombre de croyants musulman c’est la croyance que des évènements sont écrits, sont déterminés à l’avance par le Divin.

Ainsi perdre un enfant, ne pas avoir d’enfant est un évènement déterminé à l’avance. Dans certains cas, des croyances, des idées diffusées dans des communautés, dans les sociétés influencent ces choix.

Dans certaines communautés, dans certaines cultures, l’infertilité de l’homme n’est toujours pas envisageable, par conséquent la consultation d’un spécialiste prend du temps ou se produit bien tardivement.

Dans une majorité de sociétés dans le monde, des individus et des couples vivent l’infertilité comme une honte et n’osent pas en parler. Dans d’autres cas, les maladies gynécologiques commencent seulement à être connues du grand public, mais restent tabou dans des communautés religieuses parce que cela touche à l’intime du féminin. Dans d’autres situations, des femmes en particulier vivent l’infertilité sociale dont j’ai parlé ici.

Le destin et le libre arbitre compatibles

Nous avons toujours le libre arbitre, la capacité de choisir. Les actions qui nous mènent jusqu’au diagnostic ou le constat que l’on n’aura pas d’enfant biologique résultent de nos propres décisions. Par exemple choisir de consulter des spécialistes, choisir d’en parler ou pas à son entourage, choisir de se renseigner ou de rechercher ce que les textes religieux disent sur la procréation, la fertilité, le mariage, le mariage interreligieux.

Le destin je le vois comme l’évènement final, l’évènement inéluctable dans le cas qui nous intéresse l’absence d’enfant. Tout ce qui se produit pour arriver à cette échéance est l’enseignement que nous devons apprendre d’abord sur nous-mêmes. Ce sont dans ces moments-là que la foi se révèle à nous, les montagnes russes nous surprennent.

Ces épisodes, c’est sûr, remettent beaucoup de choses en question comme la foi. Une relation au Divin se créer, se brise et se restaure parfois pas tout de suite.

De même, les actions qui suivent le constat : être une personne sans enfant sont de notre fait. Prendre soin de soi, être suivi psychologiquement pendant les étapes de deuil, suivre une thérapie de couple, etc.

Chaque individu est différent, chaque individu porte son histoire c’est pourquoi le parcours vers l’acceptation de ce destin varie forcément d’une personne à une autre.


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