Qu’est-ce que la maturité ?
Pour de nombreuses personnes, dans et en dehors des communautés musulmanes, la naissance d’un enfant donne accès à la maturité. Une maturité très souvent associée à la compétence d’un individu, dans son travail par exemple. Ainsi, une tâche mal exécutée résulterait d’une immaturité directement liée au statut de personnes sans enfant.
Dans certains imaginaires, la maturité serait donc liée au statut de parent. Autrement dit, de la bonne santé des ovules, des spermatozoïdes et de leur bonne utilisation dépendrait la maturité d’un individu.
D’après un dictionnaire,[1] la maturité correspond à l’achèvement d’un développement ou s’applique à une période de la vie entre la jeunesse et la vieillesse.
La maturité dans le Coran
Le mot « maturité » se trouve dans le Coran. On le retrouve dans la sourate Al-Haqaf sourate 46 verset 15, dont voici deux versions.
Quand il a atteint sa maturité, qu’il a atteint l’âge de quarante ans[2]
À sa maturité, vers quarante ans[3]
Le mot traduit par maturité exprime aussi la force de l’âge que certains commentateurs situent autour de la trentaine. Ces mêmes commentateurs expliquent l’âge de quarante ans comme le parachèvement de la maturité intellectuelle et spirituelle.
Selon la deuxième traduction ci-dessus du verset 15 de la sourate 46, on peut comprendre l’atteinte de la maturité à quarante ans. Dans d’autres traductions comme celle du premier exemple, on tient compte du « wa » (et en français) dans le verset en arabe, impliquant deux idées. Le verset parlerait donc de la force de l’âge, l’achèvement du développement de l’être humain en plus de la maturité intellectuelle et spirituelle atteinte à quarante ans.
Alors, dans le Coran la maturité n’est en rien associée au statut de parent ou au statut d’homme ou de femme sans enfant. Le cas contraire aurait été tout à fait incompréhensible, car en totale contradiction avec l’esprit du Coran cherchant l’égalité et la justice entre les êtres.
En suivant l’usage courant du mot « maturité », l’on sous-entendrait une injustice divine. Le Très-Haut octroierait à une partie de Ses créatures la maturité : avoir des enfants, alors même qu’IL stipule dans les versets 49-50 de la sourate 42 qu’Il donne à qui Il veut et qu’Il rend stérile qui Il veut.
Une injustice divine parait invraisemblable. Néanmoins, une erreur humaine dans sa définition du mot « maturité » reste plus que plausible.
Des épreuves avec ou sans enfant
Les personnes sans enfant par circonstance ou par choix traversent des difficultés et font face à des défis liés à leur statut dans des sociétés et communautés privilégiant et honorant les parents. Les hommes et les femmes sans enfant affrontent, à différents degrés en fonction de la culture dans laquelle elles évoluent, l’ostracisme, la discrimination, la stigmatisation, les préjugés, invalidation de la notion de deuil de la maternité pour ne citer que cela, en plus d’autres défis communs à chaque être humain.
De ce fait, il serait plus pertinent d’admettre que chaque individu vit avec ou sans enfant des épreuves différentes. Nous devrions nous accorder sur le fait que chacun et chacune rencontre des problèmes à l’échelle de son épreuve.
© Crédit Photo Pexels- Tristan Le
[1] Dictionnaire de poche Larousse, 2021
[2] Le Coran, traduit par Denise Masson, Gallimard, 1967
[3] Le Coran, Nouvelle traduction de Malek Chebel, Fayard, 2009