L’espoir peut-il prendre fin ? Seul le cœur peut nous le dire, le cœur constitue notre boussole. Le Divin a probablement inventé l’espoir pour nous permettre de continuer d’avancer en toutes circonstances. Néanmoins, le Coran évoque la patience plutôt que l’espoir.
L’espoir dans un registre chrétien représente la confiance dans le Divin. Dans le contexte islamique, la foi équivaut à la quiétude d’esprit, une confiance dans le Très-Haut.
Si vous vivez comme moi en Europe occidentale, dans le langage courant l’espoir correspond à la concrétisation d’un souhait tôt ou tard. La patience se définit parfois de la même façon : attendre afin de voir se réaliser nos rêves ou nos souhaits.
En suivant l’esprit du Coran, je définirais la patience comme la conviction que tout s’arrange pour le mieux en dépit d’un résultat final aux antipodes de ce dont on souhaitait ou rêvait.
Le mot espoir dans le Coran
Tout d’abord, des versets du Coran enjoignent la patience plus qu’ils n’enjoignent l’espoir aux croyants.
Dans certaines traductions le mot espoir est utilisé pour rendre le sens de plusieurs mots en arabe ne signifiant pas nécessairement l’espoir. Prenons l’exemple de la demande dans le Coran, [1] de « prier avec crainte et désir » couramment traduit par prier avec crainte et espoir. Le mot arabe utilisé dans le Coran exprime plutôt la convoitise, l’ambition, le désir ou l’envie. Dans un autre verset[2] le verbe arabe employé pour espérer trouve sa racine dans un tout autre mot.
Quelle différence entre enjoindre l’espoir et la patience me demanderez-vous ? Une énorme différence.
Dans le cas des hommes et des femmes sans enfant par circonstance (hse/ fse) il existe un moment où l’espoir n’est plus. Il ne s’agit pas d’espérance détruite par exemple par l’annonce d’un médecin sur l’épuisement de toutes solutions médicales pour procréer, mais plutôt d’un espoir arrêté net par un corps, le corps féminin qui dit stop. Parfois c’est tout simplement le cœur qui parle, le cœur sait que c’est terminé. Il n’y aura pas d’enfant. L’espoir n’est plus.
L’espoir compris comme l’attente de quelque chose ou désiré s’évanouit. Il disparait malgré les méthodes de pensées positives ou autres croyances que chaque être humain décide de tout ce qui peut lui arriver la conception d’un enfant inclus.
Commence alors la patience, la patience d’attendre d’aller mieux, de revivre. La patience de s’inventer une vie qu’on n’avait pas imaginée sans enfant.
La patience dans le Coran
Le mot patience définit comme l’attente, une attente mêlée de confiance dans le Divin.
Dans le Coran le mot patience, sabr en arabe, se trouve à maintes reprises dans les sourates sous cette forme. « Cherchez l’aide dans la prière et la patience » 2 : 45, « Annonce la bonne nouvelle aux patients » « Dieu est avec les patients » …. L’injonction à la patience termine par ailleurs de nombreuses sourates. Comme les sourates 3, 16 ou 30.
Ce mot patience correspond à l’attente dans l’épreuve mêlée de confiance dans le Divin. Autrement dit, une attente avec la conviction que tout rentrera dans l’ordre. Pas dans l’ordre nécessairement souhaité et désiré, mais dans l’ordre avec une solution adaptée à chacun et chacune.
Dans les communautés musulmanes, on invoque très souvent le verset 216 de la sourate 2 afin de réconforter des personnes rencontrant des difficultés ou des épreuves paraissant insurmontables.
On vous a prescrit le combat, bien qu’il vous répugne, car il arrive que vous détestiez une chose qui vous est utile, de même qu’il vous arrive d’aimer une chose alors qu’elle est néfaste pour vous. Allah sait, et vous ne savez point.[3]
© Crédit photo Pexels-A-Koolshooter
[1] Exemple du verset 56 sourate7
[2] Exemple du verset 218 sourate 2
[3] Le Coran, Nouvelle traduction de Malek Chebel, Fayard, 2009
DISCUSSIONS ESSENTIELLES 