Décider si l’on reste marié, si l’un des partenaires s’avère infertile ou stérile n’est pas nécessairement ce qui vient à l’esprit lorsque de potentiels époux se rencontrent. En effet, lorsque deux personnes s’accordent sur le désir d’enfant la conversation se dirige plutôt sur l’âge de l’apprentissage du Coran des futurs enfants, le choix d’une instruction dans une école confessionnelle ou une école laïque.
Pourtant ces questions devraient se trouver au cœur des discussions prénuptiales, car elles déterminent également l’avenir et la longévité d’un couple.
Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour concevoir un enfant?
On m’a demandé un jour de préparer une présentation dans le cadre d’un exposé sur le mariage en islam. J’avais choisi de présenter une sélection de certaines de mes lectures dont les sujets s’avéraient utiles dans le cadre d’une préparation au mariage.
L’un des livres sélectionnés fut celui présenté dans mon premier article Beyond childlessness (au-delà de ou dépasser l’infécondité) de Rachel Black et Louise Scull. La question fondamentale que suscite cet ouvrage, n’est pas de savoir si en tant qu’individu ou en tant que couple l’on veut ou ne veut pas d’enfant, mais ce que l’on choisirait de faire si l’on ne peut pas en concevoir. En d’autres termes, si l’un des partenaires s’avérait stérile ou rencontrait des problèmes de fertilités quelle(s) réaction(s) aurions-nous ?
J’ai soulevé une autre question à la suite de la lecture de ce livre : jusqu’où serait prêt à aller un couple pour concevoir un enfant ?
La théorie versus la réalité
En théorie, tout le monde peut concevoir un enfant s’il/elle le veut, les moyens médicalisés existent comme la FIV avec les gamètes des conjoints ou les gamètes d’un tiers, accepté dans la tradition chiite. Cependant, la réalité raconte une tout autre histoire. Des souffrances jalonnent le parcours d’assistance médicalisé à la procréation. Les traitements s’accompagnent souvent, si ce n’est toujours, d’un traumatisme physique (un corps malmené), d’un traumatisme émotionnel (échecs à répétition) de solitude, de bouleversements psychologiques et de tensions dans le couple.
Combien de temps une personne est-elle prête à endurer ce parcours afin de concevoir un enfant ? Quel(s) autre(s) procédé(s) un couple est-il prêt à envisager ? Quel avenir pour le couple si toutes les tentatives et solutions considérées se soldent par un échec ?
L’adoption une solution, en théorie
Sur le papier, l’adoption suivant les règles de l’islam semble simple. Néanmoins, dans le monde réel, des hommes et des femmes ne sont pas disposés à choisir cette option. Une option qui en fonction des pays, s’avère être un parcours du combattant couteux et aussi éprouvant que les recours médicalisés.
De plus, l’adoption ne comble pas nécessairement le vide ni ne cicatrise la blessure laissée par l’impossibilité de procréer. Des témoignages de femmes sans enfant génétique (biologique), mais parent d’enfants adoptés se sentent toujours comme des femmes sans enfant.
Aujourd’hui, si je devais animer un atelier sur la préparation au mariage j’ajouterais cette question : comment agir si l’on rencontre la personne idéale avec laquelle on envisage un avenir et que l’on ne partage pas le désir d’enfant ?
En théorie, la réponse s’avère très simple : on cherche quelqu’un d’autre, mais en réalité comme souvent c’est plus complexe…
© Crédit photo Pexels-Darina Belonogova