INFERTILITÉS : PERDRE LA FOI

Dans le livre d’invocations très connu dans nos communautés musulmanes, La Citadelle du Musulman[1], des prières existent lors de doutes dans sa foi.

En d’autres termes, la confiance totale en Dieu peut se perdre dans les douleurs des épreuves.

Cependant, lorsque la confiance, autrement dit la foi, se base sur des promesses jamais faites par le Divin tout se complique.

Imaginez qu’on vous ait enseigné que tous vos vœux seraient exaucés en accomplissant des rites spécifiques, en adoptant une tenue vestimentaire particulière ou en récitant des supplications à un moment propice de la journée.

Imaginez-vous les instants de doute, de colère lors d’échecs de protocoles de FIV, après des fausses couches à répétition, ou bien quand la compagne ou le compagnon vous échappe.

« Pourquoi ? » correspond à la question légitime de tout être humain dans ces situations. Alors, imaginez quand vous avez scrupuleusement rempli les conditions supposément établies par le Divin pour obtenir ce que vous désirez ; la question « pourquoi ? » se transforme en « pourquoi cette trahison ? » « Pourquoi avoir trahi notre (ou ma) confiance ? »

Retirer sa confiance au Très-Haut semble logique pour certaines personnes dans ces conditions, c’est cohérent, non ?

Nous le savons, la fertilité n’est pas liée au comportement, mais au bon vouloir du Divin comme on nous le rappelle dans les versets 49-50 de la Sourate 42. L’arrivée ou la sortie d’un partenaire de nos vies résulte aussi de la volonté divine, tout simplement.

En sachant cela, la foi, c’est-à-dire la confiance dans le Très-Haut, devrait rester intacte n’est-ce pas ? Aucune lamentation, n’est-ce pas ?

Pas nécessairement, parce que nous sommes des êtres humains.

Des êtres humains au même titre que les prophètes

Nous sommes tout bonnement des êtres humains. Alors ne pas avoir une confiance aveugle à toute épreuve semble naturel. On croit dans le Divin, mais parfois (souvent) on se lamente.

On se lamente auprès de Dieu comme Jacob (Yacoub). Lorsque Joseph (Youssouf) puis Benjamin (Benyamin) lui sont enlevés, Jacob ne cesse de croire que Dieu fera au mieux ; il a confiance dans le Divin. Toutefois, cela ne l’empêche pas de se lamenter dès que l’épreuve le frappe[2].

Le verset 214 de la sourate 2 évoque le Prophète Mohammed et ses compagnons face à l’adversité de la bataille des tranchées, ils demandent au Divin quand le secours va arriver.[3]

On peut croire, avoir confiance et malgré tout avoir besoin d’être tranquillisé, rassuré et obtenir des réponses au plus fort d’une épreuve.

Abraham (Ibrahim) malgré son statut spécial auprès du Très-Haut a réclamé une démonstration de Sa toute-puissance.

« Seigneur, montre-moi comment tu fais revivre les morts.

 Est-ce que tu ne crois pas ? Il répondit : Si, mais rassures mon cœur »[4].

Les compagnons de Jésus (Issa) croient, mais ont une requête extraordinaire, une table servie pour apaiser leur cœur.[5]

Le souvenir de l’humanité des prophètes et de leurs compagnons devrait nous permettre d’attendre et d’accepter l’issue apaisante d’une épreuve. Même si le dénouement ne correspond en rien à celui espéré.


© Crédit photo -Pexels — Mohammad Ramezani


[1] Un recueil d’invocations pour diverses situations

[2] Sourate 12 : 86

[3] D’après certains commentateurs, il s’agirait d’un autre prophète

[4] Sourate 2 : 260 Le Coran traduit par Jean Grosjean

[5] Sourate 5 : 113

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