Les épouses du Prophète après sa mort sont restées célibataires, sur ordre du Divin[1]. Certaines d’entre elles ont vécu une longue vie, célibataire. Il parait donc invraisemblable que les communautés musulmanes, à la manière des sociétés en générales, discréditent le célibat et rabaissent les célibataires.

Dans la plupart des pays, le couple correspond à la règle. La normalité représente le couple avec des enfants. Les publicités, les films, les livres mettent en scène la norme acceptée. Même les célébrités misent en avant sont celles en couple. À travers les réseaux sociaux, le public doit contempler l’installation dans leur vie de couple marié ou pas. Ensuite, les signes de grossesse sont relayés partout.

 Dans un tel contexte autour du couple et des enfants, il est légitime que des personnes célibataires sans enfant ne se sentent pas à leur place et souffrent de ne pas appartenir au groupe modèle, dominant.

Personne ne trouve singulier de voir des célibataires dépenser des sommes folles pour des sites de rencontre qualifiés de « sérieux », ou des coachs en relations amoureuses et autres croisières pour faciliter la formation de couples. Celles et ceux qui ne souhaitent pas suivre l’un des « remèdes » sont pointés du doigt ; s’ils clament être heureux, tels qu’ils sont, on leur prouvera, par tous les moyens, qu’ils ont tort, le bonheur n’existant pas en dehors du couple.

Les communautés musulmanes condamnent le célibat

Dans les communautés musulmanes, la communication agressive, en faveur du couple avec enfant, existe. Même si le Coran ne rend pas le mariage obligatoire et ne punit pas les célibataires, les communautés musulmanes à l’instar des sociétés dans le monde ont construit un modèle auquel chaque musulman doit se plier : marié avec des enfants. Dans ce contexte religieux, ce ne sont plus les films et publicités qui sont utilisés, mais des sources religieuses parfois détournées.

Ainsi le musulman se voit répéter dès son plus jeune âge que la foi est incomplète sans être marié. Cette croyance fait référence à des propos attribués au Prophète Mohammed. Que ces propos soient mal interprétés, sortis de leur contexte ou faux, ces paroles attribuées au Prophète posent un problème. En effet, la foi telle qu’on la conçoit représente un sentiment profond inqualifiable et absolument pas quantifiable.

Si le mariage avait vraiment été la moitié de la foi alors les épouses du Prophète Mohammed ont vécu avec une foi incomplète le reste de leur vie après leur union avec le Prophète. Absurde n’est-ce pas ! Aussi absurde que de décréter que la prière d’un célibataire a moins de valeur que celle de personnes mariées !

Graves conséquences de la stigmatisation des célibataires

Néanmoins, ces idées sont véhiculées et enseignées dans les communautés musulmanes. Il est par conséquent logique qu’une personne célibataire croyante se sente mal à l’aise dans sa situation de mauvais croyant ou de croyant de seconde zone. Pour mettre fin à cette situation de souffrance, la poursuite aveugle d’un compagnon ou d’une compagne devient inévitable comme l’augmentation du taux de divorces.

En cas de tentatives infructueuses, le ou la célibataire ne peut que se sentir misérable parce qu’il ou elle n’a pas rempli sa prétendue fonction de croyant et celle de bon citoyen dans le pays dans lequel il vit. Doublement condamnés, certains hommes et certaines femmes sont poussés vers le désespoir.

Que dire de celles et ceux qui se reprochent de bien vivre leur célibat qui ne souhaitent pas se marier, mais s’y sentent contraint pour supposément agir en bon croyant.

Alors que faire ?

Changer d’angle de vue et prendre le « problème » différemment.

Beaucoup de personnes noires agressent leur peau en utilisant des produits de blanchiment afin de se rapprocher du canon de la beauté selon les critères du monde : être blanc. Des femmes corpulentes dans certains pays où l’idéal de beauté correspond à la femme mince risquent parfois leur vie pour maigrir. Les conséquences sur la santé physique et mentale sont désastreuses.Naturellement, chacun comprend que ces personnes essaient de se conformer à une construction d’un standard de beauté.

Dans certains pays, des activistes dénoncent le problème et luttent pour une meilleure représentation de ces groupes dévalorisés. En d’autres termes, le problème n’est pas d’être noir et/ ou d’être enveloppé, mais de diffuser un discours raciste et grossophobe. Un discours qui dégrade l’estime de soi.

Ainsi ce ne sont pas les musulmanes et les musulmans célibataires le problème, mais le discours construit autour du couple avec enfant comme norme de la communauté musulmane. Une norme inexistante dans le Coran, une norme qui n’a pas été vécue par les propres femmes du Prophète restées célibataires et dans certains cas sans enfant.

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[1] Sourate 33 : 53