Est-ce simple de ne pas ressentir des émotions comme la jalousie ou l’envie ?
Dans toutes sociétés, toutes cultures et religions, la jalousie et l’envie représentent des émotions très négatives.
C’est la raison pour laquelle ressentir ces émotions cause une grande détresse, une grande souffrance aux hommes et aux femmes qui les éprouvent.
En islam, le diable, Iblis, incarne la jalousie et l’envie. Il a refusé la prosternation devant l’être humain, un être qu’il juge inférieur à lui parce que le Très-Haut l’a créé lui, de feu. L’humanité peut évoquer la jalousie comme motif de la dispute entre Abel et Caïn qui entraine la mort.
La jalousie constitue cette peur de perdre quelque chose, un statut, une amitié, etc. Elle se manifeste aussi à travers ce désir de posséder à tout prix quelque chose que l’on voit chez les autres et que l’on estime devoir obtenir également. L’envie se définit souvent comme l’attrait pour ce que l’on ne détient pas.
La jalousie et l’envie lorsque l’on désire des enfants
Dans nos communautés musulmanes, on nous enseigne des hadiths rappelant la destruction intérieure de celui qui éprouve la jalousie et l’envie. Hommes et femmes musulmans peuvent tous apprécier les effets négatifs de telles émotions.
Pourtant une femme qui a rêvé des années durant d’avoir des enfants et qui multiplie les interruptions naturelles de grossesses (fausse couche) s’en veut de ne plus supporter d’aller aux fêtes de célébrations d’un nouveau-né, aux babyshower et toutes les réunions familiales qui impliquent des enfants. Quand bien même elle se réjouit de ces évènements, la douleur reste trop forte.
La jalousie, c’est-à-dire la colère, l’incompréhension de voir les autres avec des enfants, commence à la ronger. Elle n’aime pas ressentir cela de même qu’un homme rongé par l’envie, la jalousie devant des amis gagnant le titre très convoité dans certaines communautés de « père de » ne souhaite pas ressentir de telles émotions et pourtant c’est humain.
Comment faire alors ? Quel remède ?
La difficulté d’avoir des enfants ou de voir toutes les chances d’en avoir s’envoler provoque de la souffrance, à cela s’ajoute la souffrance de ressentir des émotions aussi négatives que la jalousie et l’envie.
La jalousie ou l’envie vis-à-vis d’une personne pieuse constituerait le seul cas toléré en islam. Cette jalousie ou envie entrainerait chez le musulman la motivation pour se surpasser dans les bonnes actions et attitudes.
Dans les autres cas, accomplir un travail sur soi reste nécessaire. Pour cela, il faut déjà comprendre les raisons d’un tel désarroi.
De la même manière que les pratiques du marketing provoquent le besoin des consommateurs pour des produits dont ils pourraient se passer, les sociétés et les communautés musulmanes véhiculent l’idée qu’une vie sans enfant est malheureuse et dénuée de sens.
Il est donc tout naturel que des femmes et des hommes cherchent coute que coute à procréer. Ne pas y parvenir suscite évidemment, la détresse, l’incompréhension et génère jalousie et envie. Pourquoi eux ? Elle ? Lui ? Et pas moi ?
La solution résiderait bien sûr dans la suppression de ce « marketing », mais des personnes en souffrance ne peuvent attendre que les sociétés ou communautés musulmanes évoluent.
Vers l’acceptation
Changer individuellement de perspective peut être une solution. En commençant par accepter que le statut de célibataire, de personnes mariées sans enfant ne constitue en rien une tare.
Accepter, ensuite que ressentir l’envie et parfois même de la jalousie dans de telles circonstances soit humain. Aïcha la femme du Prophète Mohammed est décrite comme ayant eu des accès de jalousie envers la première épouse du Messager. En dépit de sa position, elle restait humaine.
L’acceptation et ensuite l’apaisement pourraient aussi venir de la compréhension que les enfants ne sont, ni une promesse du Divin, ni un signe de supériorité ; ils représentent encore moins une marque de piété et leur absence ne constitue aucunement une punition.
« Il crée ce qu’Il veut, Il donne des filles à qui il veut il donne des fils à qui IL veut, ou bien il réunit par couples des fils et des filles, IL rend stérile qui Il veut. » (Sourate 42 : 49-50)
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