LE SHIRK DÉGUISÉ[1]
« S’en remettre à la volonté divine », c’était l’un des thèmes de la World Childless Week 2022.
La volonté divine, impossible de l’oublier dans nos communautés musulmanes, on le rappelle avec enthousiasme dans nos interjections : inshaAllah(Si Dieu le veut), mashaAllah(Ce que Dieu veut), fisabillilah(Dans le chemin de Dieu). On répète ces expressions dans certains cas en de nombreuses occasions. Nous considérons le Divin omnipotent. On loue Dieu l’unique.
Le shirk, autrement dit, associer au Divin des partenaires, représente LE péché impardonnable. On s’en croit prémuni, bien sûr ; qui associerait quelqu’un à Dieu dans les communautés musulmanes ?
Les musulmans eux-mêmes !
Je m’explique. Il existe un domaine dans lequel le Très-Haut ne semble pas posséder la toute-puissance. La sphère de la procréation serait du ressort des êtres humains. Et ce, malgré les versets qui stipulent qu’IL est le seul à savoir ce que recèlent les utérus [2], qu’Il décide qui procrée des filles ou des garçons ou les deux ou aucun enfant[3]. En dépit de cela, nous avons décrété que nous étions les maîtres absolus dans le domaine de la conception, le Très-haut se transforme en simple assistant.
Comment avons-nous glissé vers ce shirk ?
D’abord, en proclamant le mariage une obligation (cette obligation criminalise le célibat) dont le but serait la procréation. Cette finalité supposée s’appuie sur un hadith[4] attribué au Prophète qui formulerait le devoir d’engendrer un maximum afin que la communauté musulmane le jour de la résurrection soit la plus importante .
Ensuite, nous avons désigné la femme seule responsable du succès ou pas de la fécondation. Ainsi sa bonne conduite influerait sur le bon résultat : une naissance, de préférence d’un garçon.
Par ailleurs, la foi de la femme se veut sans failles : une foi qui exclue la toute-puissance de Dieu dans la procréation, cela va sans dire ! Elle doit aussi s’assurer de ne pas s’exposer pour ne pas susciter le mauvais œil d’autrui comme celui des personnes sans enfant ! Si bien que lorsque l’enfant tarde à arriver la faute revient principalement à la femme.
Enfin, c’est elle qui reçoit les traitements, autrement dit les prières spéciales à réciter lui sont communiquées presque exclusivement. Ces prières ne sous-entendent pas que le Très-haut exerce une quelconque influence puisqu’en cas d’échec le couple ou juste la femme est blâmé pour ne pas avoir prié correctement.
Si rien de tout cela ne fonctionne, une solution de rechange existe : la femme est remplacée.
Résultats désastreux
Ce refus d’accepter la volonté divine dans ce domaine de la conception s’avère simplement une forme d’associationnisme. Les êtres humains soutiennent le Divin dans un secteur dans lequel il n’excellerait pas, au pire on nous transforme, nous, les humains en êtres supérieurs au Divin.
Le résultat de cette arrogance se révèle désastreux aussi bien pour les femmes que pour les hommes sur le plan mental et spirituel.
Une remise en question s’impose !
© Credit Photo Marc-Olivier Jodoin – Unsplash
[1] Associationnisme, associer à Dieu d’autres entités, d’autres divinités.
[2] Sourate 31 : 34
[3] Sourate 42 : 49-50
[4] Propos et gestes attribués au Prophète Mohammed ou ses compagnons.