Il existe un moment où l’espoir n’est plus. Je parle de cet espoir qui fait tenir, l’espoir qui pousse de l’avant comme un protocole d’assistance à la procréation de plus pour les couples, une rencontre à temps pour un ou une célibataire. Cet espoir disparait, parfois, brutalement. Il s’évanouit à cause de raisons financières, physiques, des complications au sein des couples. Un corps féminin fatigué par les protocoles d’assistance médicale, une opération radicale comme l’hystérectomie, l’âge avancé ou des relations qui se terminent mal précipitent la fin de l’espoir.
L’espoir s’est envolé, il n’y a plus rien à attendre.
Un travail de deuil commence, il faut alors passer de l’espoir à l’acceptation.
L’entourage comme obstacle
Si les personnes concernées acceptent ce travail du deuil, l’entourage le retarde fréquemment.
Habituellement, dans nos communautés musulmanes ce processus de deuil, vu comme un renoncement hâtif, est associé à un manque de foi. Un manque de foi parce que dans l’idée de beaucoup un couple existe uniquement avec des enfants. Le Divin ne souhaiterait des adultes qu’avec des progénitures.
Plutôt que de s’interroger sur leur propre rapport à la maternité ou paternité et même leurs croyances autour de l’enfantement, certains membres de l’entourage poussent des couples à un autre protocole ignorant totalement ce qu’un protocole implique physiquement et moralement. D’autres incitent un ou une célibataire à épouser une personne de toute évidence peu recommandable dans l’espoir de le ou la voir procréer à temps au moins un enfant.
Quelque part, les femmes sans enfant (Fse) et les hommes sans enfant (Hse) par circonstance ou par choix détruisent une croyance, celle que tout le monde désire et peut concevoir des enfants. Les hommes et femmes sans enfant par leur présence interrogent les raisons de chacun d’avoir des enfants ou pas.
Conversations difficiles
Mes discussions avec mon entourage amical ou familial sur le souhait de ne pas avoir d’enfant ou d’accepter qu’un couple peut ne pas concevoir d’enfant après des assistances médicales tournent généralement court. La colère de mes interlocuteurs ou la douleur que cela peut susciter empêche souvent de poursuivre la conversation. C’est compréhensible, cette conversation bouleverse la théorie du Divin exauçant tous les souhaits sans exception.
Ne dit-on pas à une femme mariée depuis quelques années (même après quelques mois) « (les enfants) ça va venir insha’Allah ». Le insha’Allah (si Dieu veut) se traduit malgré sa signification comme un « ça va arriver de toute façon »
Le Coran stipule pourtant clairement que seul le Suprême a le dernier mot. Il décide de qui procrée et ne procrée pas[1] sans que le statut des femmes et des hommes sans enfant soit inférieur aux parents.
Depuis 2020, la population mondiale se rappelle qu’elle ne contrôle pas tout. Aussi, l’entourage des femmes et des hommes sans enfant doit également l’accepter.
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[1] Coran 42 : 49-50