Se cacher vraiment ? Se cacher pour lire sur les hommes et les femmes sans enfant ? C’est la surprise que j’ai exprimée en lisant un article sur le site Childless by marriage (sans enfant par mariage)
Des commentaires suivant l’article ont confirmé : oui, des femmes, surtout, se cachent pour lire sur la vie des hommes et des femmes sans enfant ou assister à des évènements en ligne. Elles agissent ainsi, parce qu’elles partagent un ordinateur, elles ne veulent pas que le partenaire ou un autre membre de la famille trouve une trace de ces lectures ou parce qu’elles sont mal à l’aise.
Être à l’aise c’est important. Cela fait une dizaine d’années que je lis sur le sujet des personnes sans enfant, j’ai consulté des articles également depuis des ordinateurs publics. Cela ne me gênait pas, mais je ne connaissais pas les personnes qui utilisaient l’ordinateur après moi ou qui pouvaient lire par-dessus mon épaule.
Les hommes et les femmes sans enfant n’existeraient pas!
J’écris que cela ne me gênait pas cependant, je ne partageais pas pour autant les articles intéressants que je découvrais sur le thème. En parler me valait déjà des regards suspicieux, surpris, on ne saisissait pas pourquoi à la trentaine je me préoccupais de ce sujet. En particulier dans les communautés musulmanes, on ne comprenait pas de quoi je voulais parler ; les réactions se résument par la question suivante : pourquoi ne pourrait-on pas avoir d’enfant ?
C’est curieux que l’idée qu’on ne puisse pas avoir le contrôle sur tout échappe à des croyants.
Lorsque l’on pense détenir le contrôle sur tout (avec la PMA par exemple) ou lorsque l’on croit que Dieu souhaite que tout être humain enfante ; aborder le sujet des hommes et des femmes sans enfant remet ces convictions en question. Alors on devient tabou, une partie des êtres humains de la planète devient tabou.
Pourtant nous avons notre place. On ne devrait pas craindre de discuter du sujet et de partager des articles sur les hommes et les femmes sans enfant par circonstance ou par choix avec l’entourage y compris avec celles et ceux ayant des enfants.
Les hommes et les femmes sans enfant doivent s’exprimer
C’est vrai, le sujet n’est pas simple à aborder, il est de l’ordre de l’intime. On partagerait difficilement un article sur l’infertilité sur les réseaux à moins d’utiliser un pseudo et on le ferait encore moins avec les amis et la famille.
Toutefois, il est le seul moyen d’expliquer que nous faisons partie intégrante de la société et des communautés religieuses que nous soyons sans enfant par circonstance ou par choix.
Les personnes persuadées qu’il suffit de vouloir des enfants pour en avoir ou celles convaincues que le désir d’enfant est inscrit dans l’ADN de chaque être humain doivent nous voir et nous entendre.
Je me suis fait entendre une fois, j’ai écrit au sujet des personnes sans enfant dans la communauté musulmane. Dans mon entourage, il y a eu des expressions de pitié, mais également de la gratitude exprimée des parents ou non. Ils ont exprimé leur gratitude pour avoir osé aborder le sujet. Cela les a conduits à réfléchir à leur situation de parent, mais aussi aux raisons qui les ont poussés à avoir des enfants ou souhaiter des enfants (pour ceux qui n’étaient pas parents).
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